5 - La distillerie agricole
Lorsque la concentration de la production de sucre se réorganise autour des usines centrales à partir de 1870, les habitations sucreries traditionnelles cessent de fabriquer du sucre et livrent leurs cannes à l’usine par chemin de fer. Certaines habitations, trop éloignées ou pas accessibles par la voie ferrée, continuent pourtant à cultiver des cannes à sucre et commencent à les broyer puis à distiller le jus fermenté dans des alambics traditionnels. Ces petites distilleries sont dites « agricoles » car elles produisent le rhum directement à partir de la canne à sucre. A la veille de la Seconde guerre mondiale, près de deux cents distilleries agricoles fabriquent ce rhum « habitant » généralement vendu au détail à la population voisine. Parmi ces installations souvent artisanales, certaines distillent moins de 500 hectolitres d’alcool pur par an avec des équipements très modeste tandis que d’autres, équipées de matériel performant, commencent à avoir une production dont la notoriété dépasse les frontières de la Martinique. Le Syndicat des distillateurs agricoles, fabricants de rhums naturels est fondé en 1918 pour défendre l’exportation des rhums en France. Dans les années 1920, il lutte contre les lois de contingentement votées pour protéger les producteurs d’alcool français contre les rhums des colonies. De nombreuses organisations ont été créées par les producteurs tout au long du 20ème siècle pour garantir l’authenticité du rhum de la Martinique et organiser sa commercialisation. Plus récemment, un Syndicat de défense de l’appellation d’origine rhum agricole Martinique, crée en 1992 a permis l’obtention de cette appellation et veille depuis à son application.