3 - Usines et rhumeries : La vapeur au service du rhum
Au cours du 19ème siècle, la révolution industrielle et l’abolition de l’esclavage entraînent un bouleversement du système industriel martiniquais. La culture de la canne est désormais séparée de la fabrication du sucre mais, par leur poids économique, les usines contrôlent les habitations voisines qui leur livrent la canne par contrat. La fabrication du sucre produit de grandes quantités de mélasse que les usines centrales transforment en rhum dit « industriel » dans des distilleries annexées à la sucrerie. Le succès du rhum en Europe et l’importance que prennent Saint Pierre et la Martinique dans le commerce du rhum incitent certains industriels à créer des rhumeries indépendantes des sucreries pour distiller des mélasses achetées aux usines centrales ou importées des îles voisines. L’établissement de grandes usines centrales et la production à grande échelle de sucre et de rhum industriel n’a été possible que par l’évolution technologique et l’introduction de la vapeur dans le processus de fabrication. L’accès cette technologie s’est faite par l’intermédiaire de techniciens envoyés par les fabricants de matériels européens. Emile Bougenot, ingénieur de la maison Cail et fondateur de la plupart des usines centrales, est le plus connu d’entre eux. La taille des usines exige une technologie adaptée. La colonne à distiller, qui remplace l’alambic traditionnel, présente l’avantage de distiller en continu et de pouvoir produire rapidement de grands volumes de rhum. A la fin du 19ème siècle, Saint Pierre est devenu grâce à son port et à ses très nombreuses distilleries, la capitale mondiale du rhum. La place Bertin, située sur le front de mer, fait office de quai où se croisent les fûts de rhum prêts à être expédiés et les arrivages de nouveaux fûts démontés. Les navires mouillent dans la baie et leur chargement se fait par des chalands. Les nombreux distillateurs, négociants, représentants de maison de commerce européennes et intermédiaires de toutes sortes, banquiers, capitaines de navires, agent des douanes et autres employés du port contribuent à l’intense activité de la ville. En 1902, cette effervescence économique.